Le jargon du p'tit folkleux

Les vieux métiers du Limousin : les métiers de la maison

La lessive

La grande lessive annuelle constituait un événement important dans la vie de nos campagnes. On choisissait le printemps (et l'automne s'il était d'usage de faire deux lessives annuelles), en dehors de la période des grands travaux lorsque la température était douce.
Pendant le reste de l'année, le linge était, chaque semaine, lavé au ruisseau ou dans la mare. On se contentait alors d'un simple décrassage. Mais pour la grande lessive, tout le contenu des coffres et commodes était mis à blanchir.
Le matériel était simple et ne contenait que deux pièces :
* Le cuvier qui était une cuve en terre noirâtre, à ventre très arrondi d'une capacité allant d'une soixantaine de litres à 300 litres pour les grands modèles. A sa base le cuvier était percé d'un trou de 4 à 5 cm de diamètre pour permettre l'écoulement du lessif. Les petits modèles étaient posés sur un trépied comme les lessiveuses plus récentes en tôle galvanisée. Pour les gros cuviers, il était nécessaire de construire un four en maçonnerie avec une cheminée.
* Le deuxième ustensile est une grande cuillère en bois contenant environ 2 litres avec un grand manche.

Pour faire la lessive, on commençait par tamiser les cendres accumulées pendant l'année. Puis on "montait" la lessive. On commençait par boucher le trou d'évacuation du lessif en plaçant à l'intérieur une branche fourchue ou une mâchoire de porc pour éviter toute oclusion par une pièce de linge. A l'extérieur, on mettait, comme bouchon, un morceau de bois entouré d'un chiffon. On posait ensuite les sacs de cendres et, par dessus, dans l'ordre : les torchons qui représentaient le linge le plus sale, les draps, les serviettes, etc....
Une fois la lessive montée, on recouvrait d'eau et on allumait le feu. Quand la lessive commençait à bouillir, on débouchait légèrement le tampon du bas du cuvier et le lessif bouillant coulait dans un baquet placé juste en dessous. Quand il était plein, on rebouchait le cuvier et avec la grande cuillère, on arrosait le linge par le dessus du cuvier. On renouvelait cette opération 9 fois de suite.
La lessive refroidissait toute la nuit et continuait ainsi à tremper.
Au début du siècle, la lessive se faisait avec une lessiveuse en tôle galvanisée. Mais le principe était le même, sauf que l'arrosage se faisait automatiquement.

Le rincage

Pour faire rendre au linge tout le lessif dont il s'était gorgé, il était nécessaire de faire ce rinçage dans une eau claire et abondante. Il fallait donc le porter à la rivière. On utilisait pour cela, suivant la quantité de linge une brouette ou bien la charrette bien récurée, attelée aux vaches.
Le rinçage constituait un travail long et pénible que la ménagère ne pouvait exécuter seule. Elle prenait pour l'aider soit des journalières soit quelques voisines auxquelles elles rendaient ensuite le même service.
Autrefois, les femmes pauvres n'avaient même pas de planches à laver : elles se contentaient de deux pierres plates : l'une inclinée vers la rivière baignée dans l'eau l'autre servait à s'agenouiller.

les femmes utilisaient une planche crantée plus confortable. Avec leur battoir en chêne, elles battaient le linge pour faire sortir l'eau savonneuse.

Le sechage

Le linge de corps était mis à sécher sur des haies proches. Les draps, serviettes et torchons étaient étalés à même l'herbe du pré. Le soir, avant le serein, c'est-à-dire la fraîcheur, le linge était soigneusement plié et compté. Les draps et les torchons étaient rangés tels quels alors que les serviettes et la lingerie étaient repassées.