Les cornemuses sont basées sur plusieurs principes :
tout d'abord pour la production du son lui même,le principe de l'anche battante, simple ou double, ensuite
le principe de la diaphonie, qui consiste a émettre plusieurs sons par le biais de plusieurs chalumeaux, et enfin
le principe du souffle continu, produisant le bourdon.
Les étapes principales notées par les historiens de la cornemuse sont le double chalumeaux (aulos bicalame grec)
que l'on jouait en libérant simultanément avec le même doigt les trous des deux tuyaux.
On peux raisonnablement penser que la notion de "bourdon" fut découverte sur ce type d'instrument,
simplement en ne jouant la mélodie que sur l'un des deux tuyaux.
Et pour que ce bourdon en soit un, il fallait encore inventer la technique du souffle continu,
qui s'est d'abord réalisé par une gymnastique complexe de la bouche.
Ainsi, c'est Marsyas qui aurait inventé le masque (la "phorbeia") dont les sonneurs s'enserraient les lèvres et les joues.
les romains se servaient encore de ce type de masque ( le "capistrum"). Les joues gonflées servent de réservoir d'air pendant que le
musicien respire par le nez. Cette technique était utilisée au moyen age, sans le masque, pour les instruments de la famille de la chalémie.
Cet art du souffle continu est toujours utilisé par les joueurs de launnédas de sardaigne, par les instrumentistes orientaux, ainsi que par certains musiciens de jazz.Pour en savoir plus, voir le site de la respiration circulaire.
Pour régler ce problème du souffle continu, les inventeurs de l'orgue pneumatique utilisèrent un soufflet (IIIème siècle av J.C.).
Une étape importante de la cornemuse est donc le chalumeau à réserve d'air, généralement constituée
d'une vessie animale, instrument qui permet de jouer des
mélodies continues.
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Ce sont les légions romaines, ayant adopté cette "tibia utricularis" qui la répandirent dans tout
le monde occidental. Au 1er siècle après J.-C., Suétone fait mention de l' "utricularius", joué par Néron;
un autre auteur parle d'un "ascaules" (cornemuseur). |
Cet "utricularius" survécut à l'époque barbare, ou plutot elle dut renaître, ainsi La "véze" (du latin « vesica » , vessie) ou "choron" est attestée
dés le IXème siècle, mais ne figure dans l'iconographie qu'à partir
de la fin du XIIIème siécle. Ce fut un genre de cornemuse simplifiée, sans bourdon :
l'air était insufflé par un court bocal dans un petit réservoir formé
d'une vessie de porc, lui-même prolongé par un chalumeau contenant
une anche double. L'instrument pouvait se jouer d'une seule
main, tenu à l'horizontal devant la bouche; certains
possédaient deux tuyaux, d'autres avaient un tuyau recourbé.
La cornemuse connait alors un nouvel essor, avec le retour de son bourdon (XIVème siècle), avec des apports décoratifs zoomorphes, et de fortes connotations festives. Instrument à réservoir d'air, la cornemuse réalise alors la combinaison d'un sac de peau et de plusieurs tuyaux sonores à perce conique, à anches simples ou doubles, qui sont insérés dans ce sac.
L'instrument se propagea parmi les jongleurs et les mènestrels,
puis chez les bergers, et figura dans toutes les réjouissances
populaires (on en trouve l'allusion dans de nombreux textes littéraires,
d'Adam de La Halle à Rabelais). Mais, plus encore que la vielle à roue, la cornemuse eut à subir la "diabolisation"; Ainsi les peintures de Jérome Bosch
la placent carrément en enfer, Rabelais affirme que "plus me plaist le son de la rustique cornemuse
que les fredonnements des luths, rebecs et violons antiques." et Sébastien Grant :
"Celui qui choisit la cornemuse et se moque de la harpe et du luth sera promené dans la charette des fous".
Au XVème siècle, elle revint en honneur dans les Cours et dans les cités libres.
Ainsi, en 1636, Mersenne écrit, dans son Harmonie universelle :
"Mais puisque les bergers ne manquent pas de raison ny d'esprit, et qu'il s'en rencontre d'assez capables pour
comprendre les raisons des intervalles, dont ils jouent en sonnant de leur cornemuse, de leur flageollet,
et des autres instruments qui leur sont familiers, je mets icy la table harmonique de cette étendue,
afin de les soulager, car ils méritent que l'on travaille pour eux, puisqu'ils
ont eu l'honneur d'être les premiers advertis de la Nativité du fils de Dieu par la musique des anges".
Par ailleurs, dés le Moyen Age, la cornemuse s'était intégrée aux "bands" militaires
écossais.
Mais elle ne perdit jamais son caractère populaire, même lorsque la
"musette" fit son
entrée à la Cour de France à partir du XVIIème siècle.
La musette se distingue de la cornemuse pastorale par son soufflet, par la sophistication
du mécanisme de ses bourdons, ajustables à l'aide de coulisse,
et par sa perce cylindrique, produisant un son plus doux.
Des compositeurs célèbres évoquèrent la cornemuse dans leurs
oeuvres : Haendel dans sa "pastorale" du Messie, J.-S. Bach dans
son Oratorio de Noél, Beethoven dans la Symphonie pastorale, Berlioz
dans Harold en Italie...
D'après : Francois René Tranchefort - les instruments de musique dans le monde
et Roland Hollinger - les musiques à bourdon
Du milieu
du XlXe siècle à la guerre de 1939-45. Sous l'impulsion des auteurs rousseauistes et romantiques,
George Sand surtout, un nouveau sentiment se développe
au milieu du XlXe siècle : le régionalisme.
la cornemuse devient alors, en Berry, en
Auvergne, un véritable symbole du « Petit Pays », à
la fois emblème populaire et porteur de nostalgie.
Mais ce fort mouvement régionaliste engendre une
forme musicale inattendue et riche : celle de l'immigration
auvergnate à Paris. Dans le 11ème arrondissement,
celui de La Bastille, se regroupent les travailleurs
cantalous, aveyronnais, et une nouvelle cornemuse
est « inventée », la cabrette.
D'après : Eric Montbel - disque : l'art de la cornemuse