Le jargon du p'tit folkleux

Les cornemuses

Les cornemuses forment une famille d'instruments répandue traditionnellement à travers toute l'Europe : la Suède (sackpipa) , l'Espagne (gaita de Galice ou d'asturie , et xeremia de Catalogne), l'Estonie, l'Italie (zampogna des abruzzes), la Bulgarie (kaba-gaida), la hongrie (duda), la pologne (duda, koza, slaski-gajdy), la croatie (diple et surle) , la serbie (gajdy), la Tchequie (dudy) l'Irlande (uillean pipe), l'écosse (bagpipe et small pipe), les flandres (doedelsak) ) mais également sur tout le pourtour de la Méditerranée : Turquie (tulum), Macedoine (gaida), Tunisie (zukra), ...
De nombreux types de cornemuses existent en France, cabrette des Auvergnats, chabrette des limousins, boha des Landes de Gascogne, musette bechonnet des provinces du Centre, grande musette du centre, bodega (ou craba) du Languedoc, veuze du marais breton vendéen et biniou koz breton en sont les exemples les plus marquants, sans oublier la musette baroque.

 

Fonctionnement

Les cornemuses sont des instruments à anches qui comportent une réserve d'air en forme de sac tenu sous un bras, ce sac est gonflé soit par la bouche, par un tuyau appelé porte-vent (ou "bouffoir" ou "boufferet" en Limousin), dans lequel souffle le musicien, soit par un soufflet actionné par l'autre bras du musicien. Le porte-vent comporte une petite valve qui l'obture à la base, et empêche l'air de refluer dans la bouche de l'exécutant lorsque celui-ci ne souffle pas (il en est de même pour les cornemuses à soufflet qui comportent également une seconde valve à l'entrée du soufflet).

Le sac

Il était primitivement , et est encore dans certaines régions , fait d'une peau entière de mouton, de bouc, de chevreau ou de chien, le cou de l'animal et les pattes antérieures pouvant servir à monter les différents tuyaux (par exemple tuyau mélodique à la place du cou et porte-vent à la place d'une patte). La plupart des cornemuses de France utilisent, toutefois, et ce depuis le XIVème siècle au moins, un sac constitué par une peau coupée en forme de coeur, pliée en deux et cousue de manière à former un sac; On utilise également, aujourd'hui en Ecosse, une matière imperméable : le Gore Tex, les coutures étant remplacées par des bandes adhésives ; certains sacs, enfin, sont en caoutchouc (les italiens utilisent couramment des chambres à air de camion). Une robe de tissu recouvre parfois le sac (selon les régions).

Les différents tuyaux sonores

Lorsque le sac est gonflé, le musicien exerce une pression sur celui-ci en le comprimant entre son bras et le thorax. Cette pression envoie l'air vers les différents tuyaux sonores fixés à la poche :
- tuyaux mélodiques percés de trous comme des flûtes et qui permettent de jouer une mélodie (en France le tuyau mélodique est unique, dans certains pays il y en a deux qui permettent de jouer en polyphonie)
- bourdons qui émettent une note d'accompagnement fixe et ininterrompue.

 

Les anches

Les chalumeaux et bourdons sont emboîtés dans des souches fixées à la poche et renferment chacun à leur extrémité située près de celle-ci une anche, simple ou double, qui produira le son. L'anche simple est une petite lamelle de roseau ou de sureau, souvent découpée sur trois côtés à même le cylindre. L'anche double, similaire à celle d'un hautbois, est constituée de deux fines lamelles de roseau soigneusement taillées et montées sur un petit tube. Aujourd'hui des matériaux divers (laiton, plastique...) viennent parfois remplacer le roseau pour la confection des anches.

 

Le (ou les) tuyau(x) mélodique(s)

La perce (forme interne) d'un tuyau mélodique peut être cylindrique ou conique. On parle alors respectivement de chalumeau ou de hautbois. Les chalumeaux (cylindriques) sont, le plus souvent dotés d'anches simples et les hautbois (coniques) d'anches doubles, mais il existe des exceptions. La plupart des cornemuses d'Europe occidentales comportent un hautbois conique, celles d'Europe centrale et orientale ainsi que celles du pourtour de la Méditerrannée comportent un ou plusieurs chalumeaux cylindriques.

 

Les bourdons

Les bourdons sont souvent constitués de plusieurs segments emboîtés les uns au bout des autres. La modification de la longueur des coulisses ainsi formées permet l'accord du bourdon. La perce des bourdons est, presque toujours, cylindrique, le diamètre augmentant parfois progressivement d'un élément au suivant (cas des cornemuse du Berry-Bourbonnais par exemple).  

Matériaux et décors

Les différents tuyaux et les souches peuvent être en bois dur (buis, prunier, ébène, palisssandre) tourné (cas général en France) mais également en roseau (dans le Maghreb ou, en Turquie par exemple). De nombreux matériaux peuvent intervenir pour leur décoration (corne, os, étain, plastique, miroirs...). Les décors font intervenir motifs géométriques mais également motifs végétaux, religieux, symboliques....

cliché : disque Eric Montbel- Jean Blanchard

 

La tonalité

Elle est souvent exprimée par la longueur du tuyau mélodique. Les Auvergnats la mesurent en centimètres pour leur cabrette
35 : ré (la)
37 : do # (sol #)
39 : do (sol)
42 : fa# (Si)
44 : fa (Sib)
47 : mi (la)
50 : mi b (la b)

Alors qu'en Berry-Bourbonnais et autres régions voisines on utilise encore le pouce :
11 pouces : do
13 pouces : sib
14 pouces : la
16 pouces : sol
18 pouces : fa
20 pouces : ré
23 pouces : do
26 pouces : la

La gamme

la gamme occidentale a une définition mathématique, logique, établie par pythagore et codifiée par Marin Mersenne, sur la base d'une note de depart, les autres notes en etant une des harmoniques, donc dans un rapport des puissances de 2, avec des quintes pures.

D'une part, cette gamme a étée "bien tempérée", c'est à dire que sa définition a été violée, par Andréas Werckmeister (1645 - 1706) puis par Jean Sebastien Bach, en vue de simplifier l'élaboration des instruments à clavier, qui "bien tempérés" se retrouvent avec des intervalles de 12 demi tons tous égaux. Cette gamme avait d'ailleurs étée décrite par Aristoxène en 32 av J.C. et aurait étée utilisée en Chine au moyen age. A partir de n'importe quelle note de cette gamme tempérée on peut construire une autre gamme tempérée.
D'autre part, le diapason français a été normalisé par arrêté ministériel en 1859, et le LA fixé à 453 Hertz puis à 440 Hertz en 1939, alors qu'il était joué aux environs de 433 Hertz à l'époque baroque. La tendance actuelle est à la hausse, les instrumentistes cherchant à rendre le son de leur instrument plus brillant.

Or, le bourdon de la cornemuse est, par principe même, la référence et l'origine des notes du hautbois, qui devraient rester en rapport harmonique avec ce bourdon. D'ou une certaine "fausseté" des cornemuses modernes "tempérées", fausseté nécéssaire pour pouvoir jouer avec les autres instruments, tempérés.

Technique de jeu

Le son des différents tuyaux étant ininterrompu, y compris pour le(s) tuyau(x) mélodique(s), le cornemuseux est obligé de développer une technique particulière d'ornementation afin de rendre son jeu dynamique et de détacher les notes, par exemple en intercalant une note de base entre toutes les notes

Les techniques de jeu (détachés, ornements, vibratos...) varient d'une région à l'autre. Chaque musicien affirme ensuite son style propre dans le cadre de cette technique de jeu locale.

Entretien

On graisse la poche pour l'assouplir et lui donner bonne humeur. En Bretagne, on y verse du cidre ou de l'hydromel, ailleurs, on lui "donne à boire" du vin ou de l'eau de vie. il faut dire que les cornemuseux, souvent contraints de jouer de longues heures durant les bals ou les noces, profitent eux aussi de ces effluves alcoolisés qui, s'ils sont bons pour leur instrument, le sont aussi pour eux.

La cornemuse a suscité de nombreuses légendes, et les autorités religieuses l'ont fait considérer comme l'instrument du Diable , qui achète les âmes des musiciens désireux de savoir bien jouer et qui alors entraînent a leur perte tous les danseurs qui se laissent mener dans cette danse. en Berry, c'est l'instrument du Meneur de loups. En Auvergne, elle se met très fréquemment à jouer toute seule, même cachée au fond d'un coffre ; en Bretagne, la nuit, elle se balance dans les airs, au dessus de la lande.Elle est toutefois également l'instrument des bergers de la nativité de notre Seigneur et il n'est pas rare de la voir représentée aux mains d'un ange...



danse macabre