Le feuillard est une lamelle de bois de châtaignier dont un des côtés est plan et l'autre est convexe et pourvu d'écorce. Il
servait à confectionner des cercles de barriques et futailles de toutes sortes, mais aussi des cuves, cuviers et barils servant
à l'emballage de produits alimentaires tels que graisses, beurre, harengs, etc.... ou de produits chimiques.
Le feuillardier fabriquait aussi des échalas, de la carrassonne, des piquets, des lattes et divers bois pour couvrir les
bâtiments, faire des plafonds, et contrelatter les torchis à l'extérieur.
Généralement, c'était un paysan, un petit propriétaire ou un bordier, ou même un ouvrier agricole n'exerçant le métier
que saisonnièrement.
Un chantier durait approximativement de la mi-octobre à la mi-juin, soit environ 8 mois. C'était un travail très pénible car
il s'exerçait à l'extérieur en plein hiver, avec des journées de 12 heures et parfois 16. Un métier aussi très déprimant car
l'ouvrier était presque toujours seul au milieu des grands bois.
Vers 9h, le matin, le feuillardier mangeait, suivant l'exemple de la campagne, un casse-croûte. Vers midi, il prenait un
repas plus substantiel comprenant une soupe qu'il faisait chauffer lui-même ou qu'on lui apportait d'une ferme voisine, un
morceau de pain, du lard, et un peu de fromage. Le soir vers 7 heures, le feuillardier se rendait chez son logeur qui était le
fermier voisin du chantier, et là, il prenait en famille son repas du soir, aussi modeste que celui du midi. S'il était "à jour"
dans son travail , il se couchait aussitôt, sinon il revenait sur son chantier jusqu'à minuit.
Ses outils, assez sommaires, comprenaient une serpe à courbure accentuée pour élaguer les perches, un couteau à
lame droite tenu à deux mains pour dégrossir le bois (gougea), une hache pour appointer les piquets (croissand),
une scie pour scier les bois aux
dimensions voulues (passe-partout), une mailloche (merlin) pour frapper sur le coin à refendre.