Chansons du Limousin : chants de mariage
Un beau jour d'été
Un seigneur volage
Non loin d'un village
S'étant arrêté
Vit une bergère
Gentille et légère
Le jeune étourdi
S'approche et lui dit :
Seule et sans berger
Sur cette bruyère
Loin de ta chaumière
Tu cours grand danger.
N'as-tu peur la belle
De la dent cruelle
Des loups dévorants
Et des chiens méchants.
En touto sozou
Moussur dins Io dando
- Co m'ei de coumando
Garde mous moutous
De Io sauvogino
Ne sai pas chogrino
Per me gorantir
I'ai qui moun Labri.
Quoique caressant,
Ton chien ma chérie,
Contre leur furie
Serait impuissant.
Ne soit pas méchante;
Mais plus complaisante,
Pour te protéger
Prends-moi pour berger.
Devenir bargei
D'uno paubro filho,
Per n'ôme de vilo
Lou brave meitiei...
Qu'ei tro d'ôbligenso
E de couplozenso
Sabe me gandir
Moun che me sufi.
Je veux ton bonheur
Vois-tu ma mignonne
A ton tour, ma bonne
Donne-moi ton coeur.
Tu seras la reine
Et la souveraine
D'un joli château
Quitte ton troupeau.
De me courounar
Vous parlas bien vite
Cresei-vous que quite
Tau moun oveilhas.
Io n'ai pas counfianso
E cragne d'ovanso
Que co couto cher
Suven qu'ei tro tard.
Pour te décider
Que faut-il te dire.
Tu vois mon délire,
En peux-tu douter ?
De tes yeux de flamme
Oui brûlent mon âme
Prendrais-tu plaisir
A me voir souffrir.
De vous far sufrir
N'en sirio fâchâdo
Mâ sai assurâdo
Que per vous gorir
Li o dins Io vilo
Mai que d'uno filho
Que certenomen
An mai d'agremen.
Un baiser pour toi
Une bagatelle,
Serait ô ma belle
Un trésor pour moi.
Ah ! laisse de grâce
Sur ton front de glace
Se poser un peu
Mes lèvres de feu.
De far co, cresei
- Lo chaus' ei certeno
Pen n'o gu Io peno
Si n'ei moun Francei.
Na vou-z-en bien vite
Vou en sirei quite
Moun che... otenci
Voû vai embrucir.
Après quelque mois
Cette fille sage
Sortait du village
Au bras de François.
Cette fois Louise,
Partait pour l'église
Faire le bonheur
D'un plus noble coeur.