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A Madame ma grand-mère, ou dans le cas qu'elle n'y serait pas, à la femme Françoise, sa fille, et dans le cas qu'elle n'y serait pas, qu'elle me le dise pour que je n'écrive pas ousqu'elles ne sont pas. Je mets verbalement la plume à la main de Bidasse qui vous écris pour moi à seule fin de vous faire assavoir que je suis-t-enfin arrivé-z-au corps dont je vous envoie ces deux mots de billets pour vous dire que ma santé se porte bien, quoique jusqu'à présent je n'ai eu aucun agrément, sauf que je braille tout mon saoul d'une dent de sagesse qui me pousse sur le devant. A part cela, la vache mascotte du régiment n'est pas à son article depuis qu'al a vêlé, la Magdelon pareillement, le vétérinaire lui a tiré deux fois du sang, la pauvre, elle est si changée que vous ne la reconnaîtriez pas, bien que vous l'ayez jamais vue, et je désire que la présente vous trouve de même. Donc, je profite que je peux vous envoyer ces deux mots de billet pour vous dire que je n'ai pas besoin d'argent, vu que j'ai ici tout ce qu'il me faut; cependant, si quelquefois que vous pourriez m'envoyer une pièce de 1 franc, ca me ferait de l'agrément, mais ne vous gênez pas pour cela. Cependant, si quelquefois tante Françoise, ma marraine, pouvait m'envoyer une pièce de 5 francs, ca me ferait plaisir, seulement dites-z-y qu'elle ne se gène pas pour cela, vu qu'ici on nous donne tout ce qu'il nous faut. Cependant si par hasard que vous pourriez m'envoyer ca ne serait qu'une pièce de 10 francs, ca me causerait de la félicité, vu que j'en ai besoin pour faire le jeune homme, mais je vous le répète, ne vous gênez pas, mon Dieu, ne vous gênez pas, dites plutôt à ma marraine de me l'envoyez sans se gêner. Donc, comme je vous dis, je suis très bien ici, cependant ne m'écrivez pas là, parce que je n'y suis plus, étant parti avec deux compagnies du dépôt. Ne m'écrivez pas non plus au Bourget, parce que j'y suis, mais je n'y serai plus dans une heure et demie, deux heures moins le quart environ. Ne m'écrivez que quand que je vous aurai écrit d'où que je serai, quoique je ne sache pas du tout ousque nous allons. Comme finissement, je vous envoie mes adieux en vue d'agréer l'adolescence de mes salutations perpétuelles et de mes salubrités respectives. Poste aux scriptions : La pièce de 20 francs que je vous demande, je vous le répète, ne vous gênez pas, vous en avez peut-être plus besoin que moi, aussi dites donc à ma marraine qu'elle me l'envoie sans se gêner, ou bien en se gênant. Toutes réfections faites, si ma marraine ne pouvait pas m'envoyer les 50 francs, envoyez-les moi vous-mêmes, en vous cautérisant tous, ca m'est égal, pourvu que je les ai. |
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