Les boudins (ou gogues)

 

Dés que le cochon est complètement vidé de son sang, la fermière emporte la cuvette dans la cuisine pour la fabrication, immédiate, du boudin. Elle filtre le sang dans une passoire, et elle coupe finement de l'ail, de l'oignon et du persil qu'elle mélange au sang avec un demi-litre de lait, du sel et du poivre. Certains ajoutent d'autres ingrédients : pomme, épinard, rhum ou oeufs. Lorsque le tueur a fini le découpage, elle ajoute des petits morceaux de ventrêche cuite à l'eau et quelques bouts de viande..

Dans la grande marmite à cuire la pâtée soigneusement récurée et lavée, on préparait un bouillon destiné à faire subir à la viande soigneusement mise de cûté à cet effet, une première cuisson. Cette viande était choisie dans la tête et la partie grasse du cou ; on y joignait certains viscères, tels que le coeur et les poumons. Quand la viande était cuite, elle était hachée puis incorporée au sang. On ajoutait au mélange quelques petits cubes de lard et, chez ceux qui aiment cette préparation, quelques châtaignes blanchies écrasées; enfin, le tout assaisonné à la demande, était brassé longuement à la main pour obtenir une bouillie bien homogène. On prenait alors une tripe d'environ un mètre de long que l'on nouait à l'une de ses extrémités et, à l'aide d'un entonnoir à large col (ouillette) on la garnissait de ce hachis ; tous les 10-12- cm (cela dépendait du nombre de boudins dont on avait besoin pour les cadeaux, les invités et la consommation familiale) on créait, par une légère torsion, un étranglement aussitôt noué d'un fil de chanvre. On obtenait ainsi des chapelets de huit à dix boudins qu'il ne restait plus qu'à cuire dans le bouillon qui avait déjà servi pour la viande et que l'on avait maintenu devant le feu.

Pour bien cuire ces gogues, deux précautions devaient être prises:
- éviter que le bouillon entre en ébullition (pour cela, surveiller le feu);
- éviter que les tripes craquent et se vident (pour cela, les sortir de temps à autre de l'eau de cuisson et surtout, affirmait le meneur de jeu, leur donner un bon parrain, les meilleurs étant, paraît-il, tous cournars, autrement dit les cocus).

Après cuisson, les boudins étaient mis à ressuyer sur une serviette ou une petite litière de paille. C'est alors que commençait cette fête du san dan por, à laquelle il était d'usage d'inviter les parents proches du village et parfois quelques amis, véritable ripaille qui se déroulait dans une atmosphère de graillon où grands et petits « s'en fourraient », selon l'expression populaire, "jusqu'au noeud de la gorge".

une autre bonne recette, celle de mamie Mouret : On coupait de la gorge et un peu de poitrine que l'on faisait cuire dans la marmite . On avait blanchi les chataignes que l'on faisait cuire dans un toupy, ensuite on moulinait chataigne et viande que l'on versait dans un toupy en gré. On ajoutait du poivre, du sel et des épices et ensuite le sang. on melangeait le tout et avec un entonnoir, on enfilait cette préparation dans les boyaux que l'on tournait une fois d'un coté, une fois de l'autre pour former les boudins. Ensuite, on les faisait cuire dans une grande marmite d'eau sur les braises.