A la fin du cours du vendredi, M. Pico, professeur de logique, annonce à ses étudiants qu'il leur donnera une interrogation surprise, un jour de la semaine suivante. Selon le professeur, les étudiants n'ont aucun moyen de savoir quel sera le jour de l'interrogation avant d'entrer dans la salle de classe et le début de l'épreuve.
Ce soir-là, grosse animation au foyer :
- Qu'est-ce qu'il lui a pris, au vieux Pico? demande
Christian, en se moquant de l'intonation du professeur : « Un
jour de la semaine prochaine, je vous donnerai une interrogation
surprise. Précisons-en les conditions... »
- Quelle différence si nous n'en savons pas la date ? intervient
Joseph. Ici, personne n'est capable de la réussir, sauf Danièle.
- Je ne suis pas sûre que l'examen aura lieu, répond celle-ci.
- Es-tu devenue folle ? Tu l'as entendu toi-même : « Un
jour, ... »
- Je sais ce qu'il a dit, je l'ai entendu aussi. Mais pourquoi ne
réfléchissez-vous pas ?
- Continue !
- Bien. Il a dit que nous ne saurons rien sur l'examen avant le
jour où il aura lieu. Dans ce cas, il ne peut pas nous le donner le
vendredi parce que, après le cours du jeudi, si de toute la
semaine nous n'avons subi aucune épreuve, nous saurons qu'il ne
peut nous le donner que le jour suivant. D'accord ?
- D'accord. Mais qu'est-ce que ça change ? Le test ne peut
avoir lieu le vendredi, mais il reste les autres jours, dit Christian.
- Oui, répond Danièle, un éclair de triomphe dans les yeux,
mais le même argument vaut pour le jeudi. Vous ne comprenez
pas ? Nous savons que l'examen ne peut avoir lieu le vendredi.
Donc, après le cours du mercredi, si nous n'avons toujours pas
subi d'épreuve, nous saurons que ce sera pour le jeudi, et donc
elle ne peut avoir lieu le jeudi. C'est aussi vrai pour le mercredi et
pour le mardi...
- Alors, nous savons que ce sera lundi, non ? demande
Christian, confiant.
- C'est juste. Nous savons maintenant que Pico ne peut pas
nous faire passer son épreuve lundi sans contredire sa condition
stipulant que nous ne pouvons connaître le jour de l'examen à
l'avance. Donc, il ne peut pas du tout nous donner l'examen.
- Ça nous aidera beaucoup quand lundi il nous dira de ranger
nos documents et de prendre une feuille de papier, dit Christian,
peu convaincu.
- Bon. Je ne sais pas ce que vous faites, mais je vais au
bureau de Pico. Qui m'accompagne ? demande Danièle.
Les étudiants rejoignent Pico au moment où il s'en allait en week-end. Porte-parole du groupe, Danièle développe son argumentation. Pico se contente de sourire et de dire : « Je suis heureux de voir que vous réfléchissez. » Puis il s'en va. Les étudiants ne savaient trop que penser de la remarque de Pico.
Quand le cours du lundi se fut passé normalement, Danièle et ses camarades en éprouvèrent un grand soulagement. Le mardi s'écoula de même. Le mercredi, le professeur leur dit de ramasser leurs livres et de s'apprêter à subir l'interrogation surprise annoncée le vendredi précédent.
A-t-il tenu parole ? Et en quoi le raisonnement de Danièle était-il erroné, s'il l'était ?