Lettre du fusiller Bridet

A monsieur, monsieur jean néponuaire ignace Bridet, mon père, ou dans le cas qu'y n'y serait pas à la femme cécile alexandrine Bridet sa conjointe, ou dans le cas qu'elle n'y serait pas à jacques séraphin Bridet le futé, mon frère de lait à l'hameau de l'épine prés St.Séverin par aubetesse, charentes.france. europe.ancien continent. chers parents je suis-t-enfin arrivé-z'au corps dont je vous envoie ces deux mots de billet pour vous dire que masanté se porte bien quoique le régime du régiment ne me réussit pas du tout: je profite que je peux vous envoyer ces deux mots de billet pour vous dire que je m'ennuie à crever quoique, jusqu'à présent, je n'ai encore eu aucun agrément; donc je profite que je peux vous envoyer ces deux mots de billet pour vous dire que je n'ai pas besoin d'argent, vu que j'ai-t-ici tout ce qu'il me faut cependant si quelquefois que vous pourriez m'envoyer une pièce de trois francs, ca me ferait de l'agrément, mais ne vous genez pas pour cela cependant, si quelquefois, mon frère pouvait m'envoyer une pièce de quatre francs, ca me ferait plaisir, seulement dites-y qu'il ne se gène pas pour cela vu qu'ici on nous donne tout ce qu'il nous faut, cependant, si par hasard que vous pouviez m'envoyer ca ne serait qu'une pièce de 20 six francs ca me causerait de la félicité, vu que j'en ai bien besoin pour faire le jeune homme, mais je vous le répète, ne vous genez pas, mon dieu ne vous genez pas.Dites plutot à mon frère de me l'envoyer sans se gener. Je suis-t'en garnison a aix sur la lys, nord. ce pays est fertile en blé colza, pierres calcaires, grand commerce de pipes, raffineries nombreuses théatre, musée, bibliothèque, corps de pompiers magnifiquement organisé et catera, et catera ... toutes les douceurs de la vie enfin. Cependant, ne m'écrivez pas là parceque je n'y suis plus, étant parti avec deux compagnies du dépot. Ne m'écrivez pas non plus à St.Omer , parceque j'y suis, mais je n'y serai plus dans une heure et demie, deux heures moins le quart environ. Ne m'écrivez que quand je vous aurai écrit d'ou que je serai, quoique je ne sache pas du tout ousque nous allons. Quand à la pièce de huit francs que je vous demande, je vous le répète, ne vous genez pas, vous en avez peut-être plus besoin que moi, aussi dites à mon frère qui me l'envoie sans se gener ou bien en se genant. Adieux chers parents, agréez l'adolescence de mes salutations perpétuelles et de mes salubrités respectives. votre fils pour la vie, joseph Bridet fusiller au 78ème régiment d'infanterie de ligne, 3ème bataillon, 6ème compagnie. Poste aux scriptions: toute reflexions faites, si mon frère ne pouvait pas m'envoyer la pièce de dix francs, envoyez la moi vous-même, ca m'est égal pourvu que je l'aie.